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NOTES

par celui de πύθων, python, qui veut dire en hébreu outre ou peau de bouc, parce que la pythonisse du temple d’Apollon et celle d’Endor, en rendant leurs oracles ambigus et obscurs, avaient le ventre enflé comme une outre, par l’effort qu’elles faisaient pour parler au fond du gosier. Les interprètes de la Bible désignent ces prêtresses sous le nom de ενγαστρίμὒθοι ou ventriloques, parce qu’en parlant du ventre, elles rendent un son de voix tellement obscur, qu’on dirait qu’elle sort de dessous la terre, et qu’elle vient de fort loin. Le prophète Isaïe n’était point dupe de ces fourberies, car il dépeint tous ces misérables magiciens comme de véritables ventriloques, qui trompent ceux qui les consultent par l’artifice de leurs paroles rauques et étouffées[1].

Ainsi point de subtilité démoniaque dans un art uniquement fondé sur l’imposture et une superstitieuse crédulité ; parce que, pour avoir le don de prédire l’avenir, il faudrait d’abord en démontrer l’existence, ce qui impliquerait une manifeste contradiction dans les termes de prévoir ce qui n’est qu’un pur néant.

Cicéron, dans son ouvrage de la Divination, a livré à un ridicule éternel les aruspices qui consultaient les entrailles des bêtes, les augures qui jugeaient de l’avenir par le vol et le chant des oiseaux, les magiciens qui enchantaient des serpents, les prophètes qui interprétaient les oracles des dieux, les pythonisses qui évoquaient des ombres, les tireurs d’horoscope, et les pansarets qui prétendaient par leurs sortilèges détourner le mal que pourrait faire l’être malfaisant qu’adore le peuple de l’Indoustan ; en un mot, toutes les prédictions absurdes et les prétendues inspirations dont la terre est infatuée, auxquelles la raison du dix-huitième siècle a porté le dernier coup de grâce.

  1. Isaïa, cap. VIII, v. 19, et cap. XXXI, v. 4.