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LE KADÉSCH

son courage et ses débauches, ordonna, au rapport d’Ammianus[1], de châtrer les hommes faiblement constitués, pour leur ôter les moyens de propager des races débiles, et le législateur de Sparte, imitant cette cruelle politique, la consacrait par des lois. L’histoire nous a transmis le souvenir du fanatisme déplorable qui poussait les prêtres de Cybèle[2] et les Valésiens à altérer leur existence par la castration. Elle fait également mention d’Origène, qui, pour se détacher entièrement des choses de la terre et ne s’occuper que des choses célestes, mais interprétant trop rigoureusement le passage de saint Matthieu : « Il en est qui se sont châtrés pour acquérir le royaume des cieux[3], » se soumit lui-même à la mutilation « et outrepassa le but, dit Virey, en retranchant la source de la force et le mérite de la résistance contre les tribulations de ce monde. »

Les motifs d’une excessive jalousie qu’ils portaient de leurs femmes, sans cesse exposées dans ces climats brûlants à devenir avec facilité la conquête de tous les hommes, ont pu seuls inspirer aux peuples de l’Orient l’affreuse idée de mutiler un sexe pour le commettre à la garde de l’autre. Et c’est particulièrement à ces raisons qu’il faut attribuer l’origine des eunuques[4] et des sérails, où ces êtres dégradés sont investis de la surveillance des femmes destinées à leurs plaisirs, emploi qui a beaucoup d’analogie avec celui des duègnes, en Espagne, chargées de veiller sur la conduite des dames confiées à leurs soins.

C’est dans la plus tendre enfance et jusqu’à l’âge viril que cette cruelle opération s’exécute, au moyen de ligatures imbibées d’une liqueur caustique ou d’un cordon de soie que l’on serre autour de la verge et du scrotum ; peu de jours suffisent à l’entier rétablissement de ces infortunés.

  1. Lib. IV, refert Semiramidem primam omnium mares castrasse.
  2. Lucian., de Deâ Syrià.
  3. Cap. XIX, v. 12.
  4. Du grec εύνη, lit, et έχω, je garde.