Page:Mirabeau l'aîné - Erotika Biblion, 1867.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.
112
EROTIKA BIBLION

Et qui, voyant dans ses puissants écrits,
Des Molina les sentiments proscrits,
Contre son livre au bénin Clément onze
Fîtes pointer le redoutable bronze ;
Vous qui dans Chine alliez à la fois
Confucius et Dieu mort sur la croix,
Et dont le culte équivoque et commode
Rapporte à Dieu celui d’une pagode ;
De la morale éternels corrupteurs,
Qui du salut élargissez la voie,
Et qui, guidant par des chemins de fleurs
Les pénitents que le ciel vous envoie,
Au champ de Dieu ne semez que l’ivroie ;
Des grands du siècle adroits adulateurs ;
Vils artisans de mensonge et de fourbe,
De qui le dos sous l’iniquité courbe ;
Qui, démasqués et partout reconnus,
Êtes pourtant partout les bienvenus
(Car il n’est lieux, de l’un à l’autre pôle,
Où, Dieu merci ! n’ayez le premier rôle),
Dites-nous donc par quel puissant moyen
Vous trouvez l’art d’en imposer aux autres,
Et de coiffer la mître des apôtres
Chez l’infidèle et le peuple chrétien ?…
Si l’on en croit vos longs martyrologes,
Où le mensonge a tracé vos éloges,
L’Inde rougit du sang de vos martyrs ;
Sur un trépied vous rendez des oracles ;
Et le païen, avide de miracles,
Les voit éclore au gré de ses désirs.
L’avide mort au teint livide et blême,
Lâche sa proie à votre voix suprême ;
Par vous le sang qu’elle a coagulé,
Dans les vaisseaux a de nouveau coulé.
À l’ordre seul d’un petit thaumaturge,
L’air de vapeurs ou se charge ou se purge ;
Et vous avez à vos commandements
Le vent, la foudre et tous les éléments.
 À ce propos on m’a fait certain conte,
Mes révérends, qu’il faut que je vous conte.
 Dans la Golconde, où la terre en son sein
De ses sablons forme la riche pierre
Dont le poli réfléchit la lumière
En cent façons, était un jeune essaim