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EROTIKA BIBLION

tude nous inculquent tour à tour, indique plus d’une vue à diriger, plus d’une expérience à faire, dont les résultats pourraient être utiles et curieux.

La forme particulière par laquelle la nature a distingué l’homme et la femme, prouve que la différence des sexes ne tient pas à quelques variétés superficielles ; mais que chaque sexe est le résultat peut-être d’autant de différences qu’il y a d’organes dans le corps humain, quoiqu’elles ne soient pas toutes également sensibles. Parmi celles qui sont assez frappantes pour se laisser apercevoir, il en est dont l’usage et la fin ne sont pas bien déterminés. Tiennent-elles au sexe essentiellement, ou sont-elles une suite nécessaire de la disposition des parties constituantes[1] ? La vie s’attache à toutes les formes, mais elle se maintient plus dans les unes que dans les autres. Les productions monstrueuses humaines vivent plus ou moins, mais celles qui le sont extrêmement périssent bientôt. Ainsi l’anatomie, éclairée autant qu’il serait possible, pourrait décider jusqu’à quel point on peut être monstre, c’est-à-dire s’écarter de la conformation particulière à son espèce, sans perdre la faculté de se reproduire, et jusqu’à quel point on peut l’être sans perdre celle de se conserver. L’étude de l’anatomie n’a pas même encore été dirigée sur ce point, pour lequel on pourrait mettre à profit cette erreur de la nature, ou plutôt cet abus de ses désirs et de ses facultés qui portent à la bestialité.

Les productions monstrueuses d’animaux différents conservent une conformité particulière aux deux espèces, en perdant insensiblement la faculté de se

  1. Par exemple, la courbure de l’épine du dos entraîne dans un bossu le dérangement des autres parties, ce qui leur donne à tous une sorte de ressemblance que l’on pourrait appeler air de famille.