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Suite des Mœurs & Usages.

. L’abondance de l’or est très-propre à établir ces deux sortes de viciations dans un État : c’est encore ce qui parle de soi-même. D’où il s’ensuit que l’abondance des métaux n’est pas un si grand bien dans un État, qu’on se l’imagine.

L’inégalité des fortunes, & la disproportion entre les nécessités d’un Gouvernement et ses ressorts, ainsi que tous les autres vices d’un État, sont une fuite de la prospérité & de la puissance. L’un et l’autre cependant n’en dérivent indispensablement, qu’autant que cette sorte de richesse fictive qui provient de l’abondance des métaux, s’y établit et s’y multiplie. L’or perdant par son abondance sa qualité première de représentatif uniquement, pour se substituer par un désordre monstrueux à toute autre sorte de biens, & ne pouvant remplir les fonctions d’aucuns d’eux en particulier, ne peut à plus forte raison suffire à les remplacer tous.

Le respect, la considération & l’autorité, la prééminence &c, sont