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pour l’Agriculture.

nature enseigne, & auquel elle a attaché une sorte de douceur, au-lieu qu’il n’en est pas de même des autres professions. C’est avoir bien peu étudié cette partie si intéressante, que de raisonner ainsi. L’agriculture, telle que l’exercent nos paysans, est une véritable galère. Il est aussi difficile à un de ces pauvres gens d’être bon agriculteur, qu’à un forçat d’être bon Amiral. Si l’agriculture n’est encouragée, si elle n’est animée avec un soin & des attentions continuelles, elle languira toujours, & après elle tous ces arts & métiers estimés si nécessaires. De l’aisance du laboureur au contraire viendra la nombreuse Population ; le superflu des campagnes se répandra dans les villes & dans les armées, au-lieu que des villes & des armées il ne revient rien à la campagne ; je dis une attention continuelle, parce qu’aucune profession n’est sujette à d’aussi fréquents & d’aussi accablants