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Ce qui nuit

des présens continuels que les habitans faisoient à leurs Seigneurs. J’ai vu de mon temps cette habitude cesser presque par-tout, & à bon droit car tout bienfait doit être respectif ici-bas, & si la balance peut l’emporter, le surpoids doit être naturellement du côté le plus fort. Les Seigneurs ne leur sont plus bons à rien ; il est tout simple qu’ils en soient oubliés comme ils les oublient : & qu’on ne dise pas que c’étoit un reste de l’ancienne servitude ou l’on se tromperoit fort, ou l’on parleroit de bien mauvaise foi. Dans les lieux où cela se pratique encore, ces bonnes gens & les plus pauvres, seroient très-mortifiés si l’on refusoit leurs présens, & plus encore, si par une étrenne proportionnée ou plus forte on prétendoit les indemniser ; je l’ai vu cent fois.

Les vestiges de la tyrannie de nos pères prouvent au moins que les paysans connoissoient leur Seigneur, & en étoient connus. Or, quoi qu’on dise de la malice des