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Premier des Arts.

neurs & de leurs troupeaux ! Mais, sans aller si loin, entrez dans le jardin d’un pauvre homme, il vous offre gratuitement & sans ostentation ce que l’artifan étale & farde pour le vendre. Qu’un agriculteur fasse une découverte, il se hâte de la communiquer à ses voisins ; toutes celles des autres arts sont des secrets qu’il a fallu voler ou acheter bien cher.

Je ne parle ici morale qu’autant qu’elle est relative à l’intérêt bien entendu ; & à dire vrai, la morale la plus exacte est en tout & par-tout l’intérêt le plus réel. Mais sans entrer dans cette discussion, n’est-ce rien dans un État que l’habitude du travail & de l’innocence ? Fouillons les annales des Arts, nous rougirons des excès dont l’envie & l’intérêt y ont déshonoré la nature. Peut-on rien reprocher de semblable aux agriculteurs ?

Il est, je crois, décidé dans la spéculation que l’état le plus innocent est le plus heureux ; mais dai-