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Ô belle, grave et pure colonne du foyer !
Mère ! les sources voilées du Mouvement sont en un lieu obscur et défendu
Dont le nom est Vallée de la Séparation. Là,
Les mondes et les cœurs soupirent l’un vers l’autre en vain.
Et tout ce que l’on touche est la distance et la durée
De la Séparation.
Qui cherche mal ne trouve rien nulle part.
Qui cherche bien ne trouve rien ici ;
Qui trouve ici se heurte ailleurs aux portes closes.
Car il est un pays où l’être unique est seul
En face de soi-même.
Là il s’aime
Et s’épouse
Et se crée.
Là, il se glorifie.
Et le lieu est nommé par ceux qui te ressemblent, Lieu
De la Conjonction,
De la Féminité Éternelle et de la
Vie.

Quarante ans.
Pour apprendre à chercher la Cité. Ô Jérusalem !
Tu n’es pas un désert de pierres liées de chaux, de sable et d’eau
Comme les villes des hommes.
Mais, au sein du Réel, dans le silence de la tête,
Le planement muet de l’or intérieur.
Ma vie ! ma vie ! je sais que les six jours du monde
Sont là pour révéler ce que l’on doit connaître
Du septième, ennemi de tout étonnement.