Page:Milosz - Poèmes, 1929.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

caveau. Chère dame, entre deux tombeaux, en vérité : celui d’Amour, celui d’Espoir. Écoute, il crie… nul ne l’entend. Il voudrait, en dansant, sortir de l’espace et du temps. Jadis, dans mes tentations, que ne suis-je mort en rêvant ! Tout, comme ici, était noir. Là-haut, plus loin que ma vraie vie, au bord du hideux entonnoir, hurlaient et geignaient les Harpies. Les eaux de Jupiter, de Vénus et de Mars se déversaient avec fracas sur les assises de l’infini.


BÉATRIX

J’en vois mille, dix mille ! Montjoie Saint-Denis, maître ! les nôtres, rapides, rapides, ensoleillés ! Au maître des obscurs on fera rendre gorge. Vous, Georges, Michel, claires têtes, saintes tempêtes d’ailes éployées, et toi, si blanc d’amour sous l’argent et le lin…


L’ADEPTE

Ici encore, je n’en vois qu’un.


BÉATRIX

Troupe maudite ! ricaneurs ! spoliateurs ! calomniateurs ! Avec leurs froides, pâles épées atroces, dentelées, dans les larmes trempées, ils s’élancent… Ils l’ont saisi, ils l’entraînent… Tout est silence…


L’ADEPTE

Sept cris terribles dans la nuit : tout est fini, tout est fini. Fini terrestrement, fini petitement, fini, fini, irréparablement fini. Non. Il se soulève à demi : la blancheur de l’incandescence lui prend à deux mains, en silence,