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Tant de combats grossiers, pugilats littéraires !
Quand des rivaux, jaloux de sa célébrité,
Cherchent à le couvrir de leur obscurité,
Il luit à nos regards, plus radieux encore.
Ainsi l’astre éternel que l’Orient adore,
Chassant des noirs brouillards l’amas séditieux,
Apparoît plus brillant, et s’empare des cieux :
Descartes, que noircit l’impure calomnie,
Dans les champs du Batave exile son génie,
Recommande sa gloire à la postérité,
Et sur des bords lointains poursuit la vérité.

C’est ainsi que le sage en lui se réfugie ;
Son adversité même accroît son énergie :
Athlète infatigable, au jour de la douleur,
Il soutient sans fléchir la lutte du malheur :
Des chagrins de la vie il recueille l’histoire,
Et pour lui l’infortune est un pas vers la gloire.
Sur son vaisseau brisé, tel Vernet sans pâlir
Étudioit le flot prêt à l’ensevelir.