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L’ARCHIDUC, se lève en bâillant.

Présent, mon capitaine.

FORTUNATO.

Salue donc, animal. (L’archiduc salue en ôtant son casque.) Pas comme ça, le salut militaire donc ! (Il salue.) Qu’est-ce que c’est que ce brigadier ? De quel régiment es-tu donc ?

L’ARCHIDUC.

Treizième de la 77e du 20e de la 59e du 101e.

FORTUNATO.

C’est drôle, je ne te reconnais pas.

L’ARCHIDUC.

Vous n’avez pas la prétention de connaître tous les brigadiers.

FORTUNATO.

J’ai toutes les prétentions. Je suis votre supérieur. (A lui-même.) Ma parole d’honneur, ce brigadier raisonne comme s’il était colonel. (A l’archiduc.) Est-il assez mal fagoté ; regardez-moi cette giberne, ce baudrier, et ces boutons, ils n’ont pas été astiqués ce matin. (Il le bourre.) Brigadier de carton… tu connais la consigne, tu prends la garde de quatre heures, il faut veiller sur ce pavillon où repose la comtesse.

L’ARCHIDUC, soupire en regardant le pavillon.

Oui, mon capitaine.

FORTUNATO.

Dispose tes hommes tout autour, toi, derrière, sous la fenêtre. As-tu compris, comprends-tu ? Tu n’as pas l’air de comprendre, tu es donc idiot ?

L’ARCHIDUC.

Oui. mon capitaine.

FORTUNATO.

Ne laisser entrer personne, c’est l’ordre de la comtesse, personne, entends-tu, surtout l’archiduc. (L’archiduc regarde Fortunato.) Oui, l’archiduc. As-tu compris, comprends-tu ? tu n’as pas l’air de comprendre. Décidément tu es idiot.