Page:Millaud - La Créole.pdf/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.
3
ACTE PREMIER
FRONTIGNAC.

Vous partez ?

SAINT-CHAMAS.

Pour la Guadeloupe !

FRONTIGNAC.

Mais il n’était hier soir aucunement question de ce départ.

SAINT-CHAMAS.

Aucunement… Mon noble maitre, le commandant Adhémar de Feuillemorte, était bien tranquille ici, dans son château, avec mademoiselle Antoinette, sa pupille…

FRONTIGNAC.

Ah !… sa pupille !

SAINT-CHAMAS.

Il comptait se reposer deux ou trois mois encore, quand tout à coup, hier à six heures, l’amiral entrait avec l’escadre dans la rade de la Rochelle ; à sept heures, le commandant recevait son ordre d’embarquement ; ce soir ou cette nuit, nous levons l’ancre.

FRONTIGNAC.

J’arrive à temps, alors ; il faut absolument que je parle au commandant avant son départ.

SAINT-CHAMAS.

Parler au commandant ?

FRONTIGNAC.

J’ai quelque chose à lui demander.

SAINT-CHAMAS.

Vous prenez mal votre moment, il est comme un crin, le commandant, comme un crin. Ce brusque départ, ce brusque mariage…

FRONTIGNAC.

Quel mariage ?

SAINT-CHAMAS.

Comment, vous ne savez pas ? Ah ! c’est juste, départ, mariage, c’est de cette nuit, tout cela.