Page:Millaud - La Créole.pdf/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.
49
ACTE DEUXIÈME
FRONTIGNAC.

Je dis que quand même vous l’aimeriez encore, ce n’est pas Antoinette qui vous le disputera.

DORA.

Comment, est-ce qu’elle ne l’aime pas, son mari ?

FRONTIGNAC.

Si, si ; seulement, en France on n’est pas comme chez vous, les femmes n’ont pas les passions aussi vives, elles ne sont pas jalouses.

DORA.

Pas jalouses… Être la femme de Réné et n’être pas jalouse ! Ah ! si j’étais sa femme, moi, et si une autre femme s’avisait de le regarder, je ne sais pas ce qui se passerait. (Avec violence.) Tenez, tout à l’heure, ici, en le voyant.

FRONTIGNAC.

Prenez garde… calmez-vous.

DORA.

Oui, vous avez raison ; il ne s’agit plus de Réné ni d’Antoinette, il s’agit de nous deux. Vous allez m’épouser, et l’on nous a laissés ensemble pour que vous me fassiez la cour. Eh bien ! faites-moi la cour…

FRONTIGNAC.

Mais…

DORA.

Faites-moi la cour, je vous dis…. il faut que j’aime absolument quelqu’un ; ça tombe sur vous, profitez-en.

FRONTIGNAC.

Alors, vous m’aimez maintenant ?

DORA, avec passion.

Je vous adore.

FRONTIGNAC.

Vous m’adorez ?

DORA.

Là… vraiment, est-ce que ça vous paraît si désagréable