Page:Millaud - La Créole.pdf/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
LA CRÉOLE

par trois coups de canon. J’ai eu beau le supplier… un Adhémar de Feuillemorte supplier ! il n’a répondu à toutes mes supplications, que par trois coups de canon ! « Trois coups le canon et je lève l’ancre… » — Mais, amiral, je marie ma pupille Antoinette… — « Trois coups de canon. » — Mais mille milliards de canons ! amiral ! — « J’ai dit trois coups de canon. » J’ai dû quitter la place sous le feu de ces maudits rois coups de canon… un Adhémar de Feuillemorte quitter la place, est-il taquin cet animal, (Se reprenant.) cet amiral-là. Ah ! si je n’attendais pas ma nomination de chef d’escadre d’un moment à l’autre… et pourvu que ce galopin de Réné arrive à temps…

ANTOINETTE.

Mon bon tuteur…

LE COMMANDANT.

Ah ! vous voilà vous autres… Te voilà, monsieur l’avocat, monsieur l’homme de robe… Eh bien ! Antoinette t’a-t-elle expliqué ?…

FRONTIGNAC.

Oui, commandant.

LE COMMANDANT.

Et tu l’as félicitée ?

ANTOINETTE.

Oui, mon tuteur, mais justement…

LE COMMANDANT.

Quoi, justement ?

FRONTIGNAC.

Justement à ce sujet, j’ai… elle a… nous avons…

LE COMMANDANT, colère.

Quoi, qu’est-ce que vous avez ?

ANTOINETTE.

J’ai quelque chose à vous dire, mon tuteur.

FRONTIGNAC, à part, à Antoinette.

Bravo, très-bien !