Page:Millanvoye — Anthologie des poètes de Montmartre, éd7.djvu/216

Cette page n’a pas encore été corrigée

LES FLEURS

    Moi, sous-chef des odeurs suaves,
Et qui marche toujours à côté du bonheur,
    Je professe à l’égard des fleurs,
Qu’elles prennent des airs penchés ou des airs graves,

    Une horreur profonde qu’accroît
Ce servage par qui — sans être humiliées, —
    Elles sont en gerbes liées
Ou serves de la terre en quelque vase étroit

    Du trottoir au sixième étage,
Elles sévissent, elles entrent sans douleur
    Chez nous et jusques dans nos mœurs...
Toujours des fleurs ! partout des fleurs ! même en voyage

    Elles sont trop ! — Et c’est tout bas
Que je le dis : il en est encor d’inconnues,
    Dans des serres entretenues ;
Pourvu, mon Dieu ! pourvu qu’elles n’en sortent pas !
 
    Celles-là sont bien moins coupables
Qu’on ne voit pas. Mais on en voit ! Mais il y a
    Cet implacable dahlia,
Toujours poussant et repoussant, inéluctable !