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Vous pouvez me tendre la main,
Non, je ne serai pas le vôtre ;
Dans ma sagesse je me vautre,
Passez, passez votre chemin !

Et le cerveau bleuté de rêves,
Allez adorner de lilas
Le corsage des Dalilas
Dont les amours, comme eux, sont brèves !

Malgré mon amour des lointains,
En vain madame Chrysanthème
Viendrait me murmurer : Je t’aime
Car, sans baiser ses ongles teints,

Je la renverrais, éplorée ;
Et si la reine de Saba,
Pour quelque biblique sabbat,
Me montrait la forêt sacrée,

Je la dédaignerais aussi.
Non, je ne crois plus que l’on m’aime,
Donc, à quoi bon souffrir ? Et même
La blonde au corsage aminci

Qui vit sans que je la connaisse.
Celle dont j’ai rêvé longtemps
La venue, un soir de printemps,
Peut venir, claire en sa jeunesse !