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ce que c’est que l’utilitarisme

l’infraction à la règle que dans son observance. Mais la doctrine de l’utilité est-elle la seule capable de fournir des excuses aux mauvaises actions, des moyens de tromper notre conscience ? Tous les systèmes, qui reconnaissent comme un fait moral les considérations contradictoires, offrent bien des excuses semblables. Cependant ces doctrines ont été acceptées par des personnes de bon sens. Ce n’est pas la faute des croyances, mais bien celle de la nature complexe des affaires humaines, s’il y a des exceptions aux règles de conduite, si l’on peut rarement dire de façon absolue : cette action est bonne, cette autre est mauvaise. Toutes les croyances morales tempèrent la rigueur de leurs lois en donnant à l’agent, sous sa propre responsabilité, une certaine latitude pour accommoder ces règles aux particularités des circonstances. Et naturellement, dans toute croyance, une fois cette ouverture faite, s’introduisent des fraudes personnelles, des casuistiques malhonnêtes. Il n’existe pas de système qui puisse empêcher des cas, des obligations diverses, d’entrer en conflit. Ce sont là les difficultés réelles, les points embarrassants et pour le système moral et pour la conscience de l’agent. Pratiquement ces difficultés sont vaincues avec plus ou moins de succès, suivant