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pédagogique, les questions les plus vitales pour l’avenir des nations.

Or, dans cette invasion de la camelote scientifique allemande, de la camelote pédagogique allemande, de la méthode allemande et de la finance allemande, sous laquelle nous avons failli être submergés, qui dira quelle part revient à la faveur dont a bénéficié en France, de 1871 à 1914, l’enseignement de la langue allemande ?

Ne nous sommes-nous pas faits, trop bénévolement, les complices du bluff allemand et les lanceurs de l’impudente réclame allemande ?

Quand l’Europe et l’Amérique — ces neutres ! — ont vu les Français, les vainqueurs d’Iéna et les vaincus de Sedan, se mettre si docilement à l’école de l’Allemagne, imposer sa langue dans leurs grandes Écoles, lui faire la plus largue place dans leur enseignement secondaire et primaire, ouvrir toutes larges à ses méthodes les portes de leurs facultés et de leurs laboratoires, alors, c’est alors seulement qu’il y a eu quelque chose de changé en Europe, au détriment de l’influence française, et c’est alors que l’Allemagne qui n’était qu’une caserne, a fait le rêve de l’hégémonie teutonne.

Quand l’Europe — elle en est restée stupide — vit les jeunes Français ne pas reculer — et quel plus bel éloge pour nos excellentes professeurs d’allemand ? — devant les sons gutturaux du langage teuton et les obscurités anti-françaises de sa syntaxe ; quand l’on put voir nos étudiants se faire les pélerins de la pensée et de la science allemandes, l’Europe put croire et nous savons maintenant qu’elle l’a cru, que la consécration française de la pensée allemande, de la science allemande et de la langue allemande, signaient définitivement l’abdication de la France et de la Latinité.

À telles enseignes que l’on vit les pays latins eux-mêmes — ne nommons personne ! — se faire les disciples ou les cavaliers servants de la Kultur triomphante.

Je ne puis dans les bornes de cette brève étude m’étendre sur les preuves que je pourrais apporter de la complicité inconsciente de la France — jus-