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À côté de la presse espérantiste se place la littérature espérantiste. Car l'Espéranto est une véritable langue littéraire. La bibliothèque, riche déjà de plusieurs centaines d'ouvrages, est un puissant instrument de propagande. La grande maison d'édition Hachette et Cie, en acceptant de représenter l'Espéranto dans le monde du livre et en éditant la bibliothèque espérantiste, a donné à notre cause une marque de confiance dont il est impossible d'exagérer l'influence. Quand une maison comme la maison Hachette accorde son patronage à une œuvre, on peut dire qu'elle est solide et que son succès est assuré.

IV

Il me reste à vous dire maintenant, Mesdames et Messieurs, sur quoi nous basons notre ardente conviction du triomphe final et prochain de notre cause. Vous vous rendez bien compte que si 80 000 personnes étudient une langue, la propagent autour d'eux, font des conférences, éditent des journaux, écrivent des articles et des livres, ce n'est pas sans avoir de sérieux motifs et des raisons plausibles d'en agir ainsi. À la rigueur, vous trouverez bien, entre trois ou quatre cent millions d'hommes, une douzaine, voire même deux, de Don Quichotte pour se battre contre des moulins à vent, mais 80 000, Mesdames et Messieurs ! voyons, est-ce possible ?

Et ces raisons ne sont pas des raisons de sentiment, de ces raisons du cœur dont Pascal disait que la raison ne les connait pas. Je vais peut-être vous étonner, mais je me risque tout de même. Je veux vous dire que les Espérantistes sont les hommes les plus sensés que le monde ait jamais connus, et que c'est justement l'extrême bon sens de leurs revendications qui les rend suspectes aux gens irréfléchis. Je pense quelquefois que nous avons un peu l'air de nous ficher du monde en voulant démontrer qu'il fait jour en plein midi.

Quand nous disons aux gens : « Voyons ! est-ce qu'une langue