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tandis que lui-même connaissait l’allemand, mais ne savait un mot d’anglais, ni de suédois. Notre Suédois aborde M. Méray en Espéranto. Or, notez bien que M. Méray n’avait jamais eu l’occasion de parler Espéranto, du moins à un étranger. Cependant, à sa grande surprise, non seulement il ne perdit pas un mot de ce que lui disait son visiteur imprévu, mais encore il se trouva tout de suite prêt à lui répondre, et au bout d’un quart d’heure, nos Espérantistes bavardaient comme de vieux amis.

Second exemple plus éloquent encore : Quand, en 1895, vinrent à Odessa deux étudiants suédois qui ne savait que leur langue et l’Espéranto, un journaliste de cette ville voulut les interviewer. Aucune langue commune ne leur permettant de s’entendre, il prit le matin, pour la première fois de sa vie, le manuel de la langue espéranto, et le soir du même jour, il put déjà s’entretenir avec les deux Suédois.

Un troisième exemple pour finir. Il est rapporté par la Review of Reviews et est très significatif au point de vue pratique :

Un grand négociant de Londres avait une affaire à traiter avec un négociant de Lisbonne. L’un ignorait le portugais, l’autre l’anglais. Comment faire ? Le hasard ou la chance voulut que le négociant anglais entendit parler de l’Espéranto et du recueil d’adresses ou adresaro qui publie les noms et adresses de tous les Espérantistes. Il eut l’idée de chercher dans cet adresaro le nom de son négociant portugais, qui, en effet, s’y trouvait. L’affaire fut bientôt arrangée. Notre Anglais se fait prêter un Manuel d’Espéranto, et deux heures après, il écrivait sa lettre d’affaires en cette langue. Inutile d’ajouter que ce négociant est maintenant à Londres un des fervents de l’Espéranto.

III

Ai-je besoin maintenant, Mesdames et Messieurs, de justifier l’appel que nous vous avons adressé et notre projet de fonder, à Tarbes, un groupe de propagande espérantiste ?

Non. J’aime mieux vous supposer tous convaincus, et je vous fais grâce de toutes les pages éloquentes — très éloquentes, Mesdames et Messieurs, croyez m’en sur parole — que j’avais préparées pour vous convaincre.

Au lieu donc de vous exhorter inutilement et de m’exposer au ridicule d’enfoncer des portes ouvertes, je vous dirai très rapidement où en est en ce moment, en France et à l’étranger, la propagande espérantiste, et, enfin, les chances de l’Espéranto à devenir dans un temps très prochain la langue auxiliaire internationale du monde civilisé.