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« Concordia », n° d’août-septembre 1899), mais les dificultés qu’èle soulève sont tèles qu’il est bien dificile de l’envizajer avec confiance. Je me bornerai à lui opozer les deus objecsions suivantes :

En premier lieu, laquele de nos langues vivantes sera la préférée et coment lui ralierons-nous le sufraje des peuples dont la langue aura été dédaignée ?

Supozons que, comme il a été propozé, le français et l’anglais soient concurament adoptés comme langues auxiliaires et qu’une convencion franco-anglaize et franco-américaine puisse impozer l’étude simultanée et excluzive du français dans les pays anglo-saxons, et de l’anglais en France.

La question rézolue pour les Français, les Anglais et les Américains du Nord, le serait-èle pour les autres peuples ?

Et est-il possible de supozer un seul instant que Russes, Alemands, Espagnols ou Italiens, sans compter les autres, se hâteraient d’adhérer à cète convencion et se rézigneraient de gaîté de cœur à fermer à jamais à leurs langues nacionales le domaine internacional ?

Nous ne pouvons guère nous atendre à tant d’abnégacion. Je crois bien que nous Français, refuzerions énerjiquement de nous prêter à une pareille abdicacion, et il faut bien convenir que nous aurions mauvaize grâce à exijer des autres un sacrifice dont nous serions incapables.

Le fait est que la renaissance à laquèle nous assistons de certaines langues nacionales come le celte en Irlande et le polonais dans la Pologne alemande[1], est une nouvèle preuve que jalouzies internacionales et lutes de races mètraient un obstacle insurmontable à l’adopcion universèle d’une langue vivante actuèlement parlée come langue seconde du monde civilizé.

En second lieu, ni le français ni l’anglais, ni d’ailleurs aucune autre langue européène ne sont d’aquizicion assez facile pour le rôle qu’on voudrait leur assigner. Le français, même simplifié, ofre encore aus étranjers un ensemble de dificultés qui ne le rendent guère acsessible qu’à une élite. L’anglais, quoique plus lojique dans sa sintaxe et plus simple dans sa gramaire, est plus broussailleus encore dans son ortografe, et il faut plus que du couraje pour s’aventurer dans le maquis de sa prononciation. Lui aussi n’est fait que pour une élite restreinte. Donc, ni l’anglais ni le français, ni, à fortiori, aucune des langues vivantes actuèles, ne peuvent devenir la langue auxiliaire cherchée.

Adopterons-nous une langue morte ? Le grec n’a pas de partizans, mais le latin en compte un certain nombre. D’après

  1. Les événements de Wreschen sont d’hier.