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La nécessité d’un idiome comun à tous les peuples civilizés ressort déjà sufizament des quelques considéracions que je vous ai soumizes tantôt à propos de cète définicion du Progrès : « la diminucion des distances fiziques et morales. »

Il est évident, en éfet, et l’histoire est là pour le prouver, que l’unité de langue est un merveilleus instrument de raprochement moral. Et si nous voyons quelquefois dézunis des peuples parlant la même langue, la faute en est à la politique et non à la Nature.

Mais, come beaucoup de jens qui acseptent come toutes naturèles des institucions mondiales tèles que la Croix-Rouge, la Poste Internacionale, la Convencion monétaire, le Sistème Universel des Poids et Mezures, la Convencion pour la protecsion de la propriété litéraire, le Tribunal internacional d’Arbitrage, etc., etc., traitent encore d’utopie la langue internacionale, je laisserai de côté les raizons dites sentimentales pour ne retenir que les raizons pratiques.

Èles ne manquent pas. Les voici brièvement rézumées (dans un article de la Revue du 1er janvier 1902, par M. Léon Bollack) :

« Au point de vue des échanjes mercantiles, c’est un bouleversement sans précédent, puisqu’avec un pareil mode d’intercomunicacion tous les comerçants de l’univers peuvent rapidement correspondre avec n’importe quèle partie du monde.

» Au point de vue des condicions sociales, c’est la possibilité oferte a toutes les intèligences de pouvoir concourir dans la lute pour la vie, sans être handicapées par les plus fortunés, par suite des sacrifices pécuniaires nécessités pour l’aquizition des idiomes étranjers.

» Au point de vue de la liberté humaine, c’est la faculté aportée à tout home de se fixer en un pays quelconque, la où son dézir, son intérêt ou sa volonté l’apèle.

» Au point de vue des relacions de la vie, c’est encore le libre chois de parcourir sans dificulté, soit par plaizir, soit par apât du gain, toutes les réjions du globe.

» Au point de vue de l’éducacion, c’est pour nos enfants un soulajement extraordinaire qui évite à la fois le surmenaje impozé à leurs jeunes cerveaux et l’instrucsion forcément superficièle qui leur est donée aujourd’hui. »

Enfin, au point de vue intèlectuel et scientifique, ce sont les chefs-d’œuvre de toutes les litératures et les découvertes de tous les savants mis à la portée de tout le monde.

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En prézence de tèles conséquences devant rézulter, de l’adopcion par tous les peuples civilizés d’une langue auxiliaire comune, n’est-il pas évident que le Progrès réclame ce merveilleux instrument d’échanjes moraus et intèlectuels et en rend l’avénement aussi inéluctable qu’a pu l’être celui de la vapeur ou de l’électricité ?