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CONFÉRENCE
SUR LA
LANGUE INTERNACIONALE
« L’ESPÉRANTO »
(Ortografe simplifiée)
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Il y a aujourd’hui par le monde deus grandes catégories de martirs : ceus qui aprènent les langues vivantes et ceus qui sont condamnés à les enseigner. Leurs soufrances, les divers jenres de tortures, pédagojiques et réciproques, ausquéles, plus ou moins volontairement, ils se soumètent, ne vous sont certainement pas inconus, et vous avez quelque droit de redire après ce grand poète de l’antiquité : « Ayant conu le malheur, j’ai apris la pitié. »

Je suis donc assuré d’avance de trouver ici un auditoire déjà prévenu en faveur de ces martirs que nous voudrions arracher au jardin des suplices linguistiques, où pour quelque roze, trop rare, hélas ! poussent à foizon des épines sans nombre.

Et il ne tiendra pas à moi que vous n’entrevoyiez ce soir la Terre Promize de l’enseignement des langues vivantes. J’espère que plus d’une parmi vous voudra y aborder.

Je serais, certes, le dernier à protester contre l’importance qu’on s’acorde aujourd’hui à atribuer à l’enseignement des langues vivantes. Si, come je le crois, cète définicion du Progrès : la diminucion des distances fiziques et morales, peut être acseptée sans contradicsion, il est évident que les langues vivantes sont regardées, à bon droit, come les instruments par excèlence du Progrès et de la Civilizacion.

Multiplier les relacions entre les peuples, favorizer les raprochements internacionaus qui peu à peu acheminent l’Humanité vers l’unité finale ; doner pour corolaire au raprochement des corps, entrepris de si brillante et si heureuze façon par la science du XIXe siècle, le raprochement des esprits, tèle semble être la tâche à laquèle va se consacrer le vintième siècle.

Raprocher les corps est choze relativement facile. Les plus hautes montagnes perdent leur vieille réputacion de barrières