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Mais qu’on ne peut montrer à des gens sérieux » !
Le Juge le traitait de hochet ennuyeux.
Et moi, messieurs, je lis dans vos yeux pleins de joie
Que ce chef-d’œuvre d’art mérite qu’on le voie !
Qui sait si nous aurons jamais l’occasion
De développer ici tant de profusion ?
Général, en banquets vous semblez vous connaître ;
Prenez ce livre : un jour il servira peut-être
Quand un trio de rois sera par vous traité,
Ou quand Napoléon sera votre invité.
Mais sachez, en prenant ce sage bréviaire,
Quel hasard en mes mains l’a fait tomber naguère ».

Tout à coup à la porte il se fait un grand bruit :
« Vive le Coq d’Église ! » Un tumulte s’en suit :
C’est Maciej des Maciej que la foule introduit.
Le Juge par la main le mène vers la table,
Lui donne entre les chefs une place honorable,
Et dit « Eh bien, Maciej ! Quoi ? Toujours obstiné ?
Vous arrivez encore à la fin du dîné »
Dobrzyński répondit « Je mange de bonne heure :
Et je ne serais point sorti de ma demeure,
Sans le désir de voir nos soldats polonais.
Hum ! hum ! Je veux mourir si je les reconnais !
Vos gens m’ont aperçu ; de force l’on m’amène,
Vous me faites asseoir ; merci pour tant de peine. »
Il dit, et retournant son assiette à l’envers,
Il se tait et partout regarde de travers.

C’est bien », dit Dąbrowski, « Dobrzyński qu’on vous nomme ?
Seriez vous par hasard ce vaillant gentilhomme,
Ce Maciej dit la Verge, ami de Kościuszko ?
De vos exploits de loin j’ai recueilli l’écho.
Quoi ! Toujours si gaillard ! La force m’abandonne,
Moi ; je vieillis, mon brave ; et Kniaziewicz grisonne.
Mais vous, vous lutteriez avec les jeunes gens.
Votre Verge, dit-on, n’a pas souffert du temps ;
Elle a tout récemment frotté les Moscovites !
Où donc sont vos amis, vos braves satellites ?
Je voudrais bien les voir, ces Rasoirs, ces Canifs,
Des vieux Lithuaniens vestiges primitifs ! »

Après notre combat presque tous », dit le Juge,
Auprès de vous, messieurs, cherchèrent un refuge.
Sans doute ils sont entrés dans quelque légion ? »