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sentait, en Occident, les richesses et les arts : c’était un pays d’héroïsme dont le doge était le souverain. Ses fils, ses oncles, sa famille entière c’étaient des puissances et des magnificences. Le doge était toujours immensément riche ; il commandait les flottes ; il avait sous ses ordres des troupes payées, souvent des troupes slaves. En un mot, Venise résumait alors pour les Slaves toute la puissance et toutes les richesses de l’Occident.

Dans le poëme dont nous allons prendre connaissance, Ivan Zernoyewitsch, grand chef indépendant (sa capitale est dans le fort de Schablak, situé sur le lac Scutari), entreprend une expédition à Venise, il y va chercher une fiancée pour son fils.

« Ivan Zernoyéwitsch se lève, et il s’en va, à travers la mer bleue, en emportant d’immenses richesses ; il va demander une belle fille pour la fiancer à Maxime, son fils chéri, la fille du doge de Venise. Ivan la demande, le doge la refuse ; mais Ivan ne se laisse pas rebuter, il la demande pendant trois années, en faisant des dépenses énormes. Enfin les Latins lui accordent sa demande : les bagues sont échangées. »

Vient ensuite le récit des cérémonies qui eurent lieu pour le départ du prince slave. Mais, au moment du départ, Ivan à failli. Il est sage, et cependant, rempli de joie et d’orgueil, il prononce des paroles insensées.

« — Ami, doge de Venise, dit-il, attends-moi ici, je vais revenir avec une belle escorte, tu peux compter sur mille hommes d’escorte ; je n’en amènerai