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peuples slaves. D’après les poésies, Marco vécut trois cents ans. Il serait mort ainsi à peu près vers le commencement du xviiie siècle siècle, précisément au moment où les peuples du Danube perdirent les derniers vestiges de leur indépendance, au moment où le titre de despote des Serbiens était déjà aboli.

Suivant les poésies, ce héros n’a pas été tué par les Turcs. Il a été frappé par la main de Dieu, que les Serbiens appellent le vieux tueur des guerriers. Il voyageait, à ce que dit le poëte, dans les montagnes, lorsque tout à coup un être fantastique, une sorcière, une espèce de nymphe, Wila, lui cria du haut d’une montagne, que le temps était venu où il devait se séparer de son cheval. Marco, fâché, reproche à la nymphe de dire des mensonges. Il ajoute, qu’ayant traversé tant de pays et de rivières sur son cheval, il ne voit pas de raison de le quitter. La nymphe lui répond qu’il n’a qu’à regarder dans la rivière et à consulter l’eau pour s’éclairer sur son sort. Marco s’approche de la source et voit dans l’eau son avenir : il reconnaît que le moment de sa mort est arrivé. Alors il tue son cheval, pour qu’il ne tombe jamais entre les mains des Turcs, il brise son sabre en morceaux, puis il écrit son testament.

Il lègue les trois bourses d’or qu’il porte toujours avec lui : une à celui qui l’enterrera, l’autre à l’église et aux prêtres, la troisième aux aveugles poëtes, à ces rapsodes serbiens qui parcourent les villages et racontent les hauts faits des ancêtres ; Marco leur recommande de ne jamais l’oublier. Il se cache ensuite et meurt dans la montagne. Quelques traditions pré-