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par les Turcs, est dépeinte dans l’histoire du personnage fabuleux, Marco, fils du roi Woucaschine, dont nous avons dernièrement parlé. Selon l’histoire, ce Marco se fit Turc, et périt dans un combat contre les chrétiens ; mais il a toujours détesté les Turcs. Il en est de ce héros comme des Slaves devenus musulmans : il déteste les Turcs, comme les Albanais, les Bosniaques, les Slaves turcs, qui, tout en professant le Coran, saisissent chaque occasion pour se révolter contre le sultan.

Marco est fier, il brave le sultan, il tue un visir ; c’est l’histoire des janissaires. Une fois, en chassant avec les Turcs, voyant qu’un pacha avait frappé son faucon, il commença à pleurer, en reconnaissant sa position solitaire au milieu des ennemis ; il se mit ensuite à déplorer tout haut le sort des Serbiens ; puis il tua le visir. Le sultan, au lieu de se fâcher ; lui donna quelque argent et dit :

— « On peut trouver à remplacer un visir, mais on ne trouvera pas facilement un guerrier aussi vaillant que Marco. — »

C’est la politique que suivaient les sultans vis-à-vis des janissaires, leur laissant tuer leurs chefs sans les réprimer, de crainte de les mécontenter.

Marco fit aussi des voyages en Orient ; il combattit en Égypte : c’est l’histoire des mamelucks, parmi lesquels il y avait plusieurs Slaves ; c’est aussi l’histoire des régiments slaves envoyés en Asie mineure. La fin de ce personnage est aussi mythique que son existence ; on pourrait y trouver quelque allusion à l’histoire : elle explique et la position et l’avenir des