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composés des mêmes consonnes combinées de manière différentes. Or, le dialecte serbien montre un très grand développement du système des consonnes et une grande pauvreté du système des voyelles. Ce système se trouve plus parfait relativement aux peuples slaves dans la langue polonaise et dans la langue des Bohêmes qui ont un grand nombre de voyelles et en outre le son des voyelles nasales.

Avec tous ces avantages, avec un goût du peuple : pour la poésie, un talent presque inné pour le chant, une grande tradition nationale, un langage très beau et très poétique, comment se fait-il qu’on n’ait pas réussi à créer une épopée serbienne complète ?

Quelques savants espèrent que ce phénomène aura lieu, et même quelques savants étrangers comme MM. Water et Grimm sont dans l’attente d’un poème épique slave. Cependant en examinant l’histoire littéraire de ce pays, on peut trouver des raisons de douter de la possibilité d’une telle création. Jusqu’à présent le peuple n’est pas parvenu à la former, les poëtes savants probablement ne seront pas plus heureux.

Nous avons déjà dit que ce qui manquait surtout à cette poésie, c’était la mythologie qui n’a jamais existé chez les peuples slaves. Plus tard, ces peuples adoptèrent la religion chrétienne, et en la décomposant formèrent de ses débris une espèce de mythologie qui ressemblait un peu à celle des Grecs. Mais cette mythologie ne pouvait pas se développer. Chez les Grecs, dans les temps homériques, la re-