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restai à la porte, et j’observai Milosch qui s’en allait. Qu’il était beau ! qu’il était fier ! Son sabre d’argent battait les dalles de l’église, une plume d’autruche flottait sur son bonnet, et il portait un manteau richement brodé. En regardant autour de lui, il me vit, et, détachant de son épaule son beau manteau, il me l’offrit, en disant : — « Belle enfant, prends ce manteau ; que ce cadeau me rappelle à ton souvenir ! Mais je vais à la guerre pour mourir ; prie Dieu pour que je puisse revenir sain et sauf, je te rendrai heureuse, je te donnerai à mon frère Milan Toplitza. — » Et il est parti et voyage ! je le cherche maintenant sur le champ de bataille !

La jeune fille dit encore qu’un autre waïwod lui a donné une boucle, un troisième un anneau, en lui promettant de l’épouser s’il revenait de cette guerre, et qu’elle cherche aussi le corps de ces deux guerriers en même temps que celui du prince Milosch. Le porte-drapeau blessé lui dit :

« — O fille de Kossowo ! ô sœur chère ! vois-tu là ce tas de lances brisées ! là le sang coulait à pleins bords ; il montait jusqu’à l’étrier des guerriers ; là les trois waïwod tombèrent l’un à côté de l’autre. Mais toi, retourne à la maison, ne souille pas de sang tes mains blanches et tes beaux habits. —

» Et la jeune fille, ayant entendu ces paroles, s’en alla vers sa maison en pleurant et en sanglotant.

Cette petite pièce ferme pour ainsi dire le cycle héroïque que nous venons d’examiner. Elle est composée de plusieurs fragments. Le rhythme de ce poëme est très simple : chaque strophe se compose