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les autres prétendants Turcs, sans pouvoir concevoir l’idée de reconquérir l’Asie occupée par les Infidèles.

La dernière tentative qui fut faite pour délivrer les Serbiens eut lieu en 1459.

Le pape Sylvestre envoya pour prêcher la croisade contre les Turcs un moine fameux, Giovani Campistrano. Cet homme célèbre parcourut l’Allemagne, la Hongrie, les pays slaves, en conjurant ces peuples, au nom de Dieu, de sauver la chrétienté. Mais il était contrarié chez les Bohêmes par la faction des Hussites ; le roi de Bohême le chassa même de son pays. Jean Campistrano réunit seulement autour de lui quelques paysans polonais, hongrois et bohêmes avec lesquels il marcha sur Belgrade et repoussa l’ennemi. Il mourut quelques années après ; dès lors les Serbiens n’eurent plus aucun espoir de secours.

La veuve du dernier despote serbien envoya une ambassade au pape, lui abandonnant son pays en échange de sa protection. Le peuple ayant appris cette décision, poussé par le clergé, se révolta. Il répéta ces paroles du patriarche grec : — « Plutôt les Turcs que les catholiques. » — Les Serbiens se soumirent aux Turcs ; Mahomet entra dans leur pays, et, violant la capitulation, fit brûler les villes, les villages, dévaster les campagnes. Il emmena en Turquie 200 000 Serbiens qui périrent de faim et de misère.

Le pays était devenu un vaste désert, excepté cette partie qui, plus tard, devint la principauté indépen-