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nés nature. Tant que cette nature slave n’aura pas changé, ce poëme sera toujours regardé comme national, il conservera même un caractère d’actualité. Ainsi, par exemple, pour sentir les charmes de la description de cette fuite du prince qui se résume en quelques paroles, il faudrait raconter de longues histoires. Il faudrait entendre un réfractaire, un soldat, un prisonnier politique qui s’enfuit à travers les steppes, et qui a eu précisément l’imagination frappée des mêmes objets ; qui, en racontant sa fuite, se sert presque toujours des mêmes expressions.

Il a observé ces oiseaux de mauvais augure, le corbeau et la pie, parce que ces espèces d’oiseaux s’attachent avec acharnement à un homme qui traverse les steppes, ils tournent autour de lui et trahissent ainsi sa cachette. Ceux qui poursuivent le fuyard n’ont qu’à observer ces oiseaux pour retrouver la trace du fugitif, comme le chasseur, par exemple, observe le vol des hirondelles sauvages pour retrouver le loup cervier dans la forêt.

Le pic est un oiseau chéri, car dans ces steppes peu boisées, il se dirige toujours vers les arbres ; en le suivant, on retrouve un ravin pour se cacher, des sources plus tard, enfin on descend vers le fleuve ; on peut ainsi s’orienter et reconnaître son chemin. Mais tous ces détails, il est difficile de les comprendre dans des pays aussi éloignés de cette nature et surtout de ce genre de vie. Tous les écrivains qui ont parcouru nos contrées, qui ont connu · les habitudes de nos peuples, reproduisent quelques traits épars de ces tableaux. Dernièrement, dans les