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nant il est assez difficile de la rétablir. Mais ces remarques générales sur la composition et sur la forme du poëme ne l’expliquent nullement et surtout ne feront jamais comprendre le mérite ide ce poëme d’Igor et le charme que le Slave ressent en le lisant. Il est impossible de commencer une histoire littéraire par de tels poèmes. Il faudrait les lire à la fin d’un cours ; Il faudrait même, pour cela, avoir appris sinon la langue, du moins l’histoire de ce peuple. Car chacune de ses expressions se retrouve plus tard chez les poëtes russes, polonais, et souvent même chez les poëtes bohêmes, qui ont le moins d’originalité.

On pourrait dire que chaque verset du poème d’Igor a servi de texte aux poëtes qui sont venus ensuite. Et cependant on ne connaissait pas cette composition. Des écrivains russes très distingués l’ont peu lu, d’autres n’ont jamais voulu l’étudier ; car on a été choqué de certaines difficultés de l’expression, et on n’a pas voulu examiner ce qu’il y avait de beau dans ce style ancien.

Les Polonais ignoraient absolument l’existence de ce chant d’Igor. Les Bohêmes l’ont publié et l’ont examiné, mais plutôt dans l’intérêt de la science philologique et sans s’occuper beaucoup de son mérite poétique. ·

Cette ressemblance continuelle, entre les monuments les plus anciens de la poésie slave et tous les chefs-d’œuvre de la poésie moderne, prouve l’éternelle beauté de ce poème. Toutes les images sont prises dans la nature ; les caractères sont dessi-