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une belle fille. — Mais Gsak lui dit : Si nous marions le fauconneau avec une belle fille, le fauconneau se sauvera, et la fille se sauvera, et les ennemis viendront tomber sur nous. — »

Cette conversation sur le fauconneau concerne Wladimir, le fils d’Igor, resté en esclavage, qui est devenu amoureux de la fille du prince polowz. Il l’épousa, et, revenu de sa captivité, il lui donna en baptême le nom de Swoboda, qui signifie liberté.

Le poëme se termine par un hymne d’allégresse sur le retour d’Igor. Cet hymne retentit jusqu’aux bords du Danube (expression populaire pour dire jusque dans les pays les plus éloignés). Le prince, pour remercier Dieu de sa délivrance, visite le lieu saint de Boryczewo, où l’on voit une image miraculeuse de la Vierge apportée, dit-on, de Constantinople par un nommé Pirogoszcz. Des chants retentissent dans toutes les contrées à la gloire des princes.

On remarque dans ce poëme d’Igor un caractère grave, triste, douloureux, bien différent de cette joie, de cette pétulance que nous avons vues dans les poëtes chroniqueurs polonais de la même époque.

Que l’on compare, par exemple, cette poésie si triste avec les vers que Gallus cite comme une cantilena, une chanson populaire composée en l’honneur de Boleslas, dans le temps où ce roi avait conduit son armée jusqu’aux bords de la mer, alors que les poissons frais, selon l’expression du poëte, semblaient venir au-devant des vainqueurs, tandis que leurs ancêtres ne recevaient que les poissons salés et pâtés. Il y a une joie triomphale dans cette chanson : c’est