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Voici, pour servir d’exemple, comment il raconte la guerre des Polonais contre les Allemands.

L’empereur Othon était entré en Pologne avec une armée nombreuse, aguerrie, disciplinée ; les Polonais ne pouvaient offrir le combat ; ils cherchaient seulement inquiéter cette armée, à la harceler pour la détruire en détail. Gallus trace admirablement ce tableau :

« Boleslas, dit-il, s’attachait au césar allemand comme s’il était son compagnon de voyage. Dès que l’empereur avait établi son camp quelque part, aussitôt le roi de Pologne se plaçait dans le voisinage. De quelque côté que l’empereur se tournât, il était sur de se trouver face à face avec le roi, qui rôdait comme · un loup autour de l’armée d’Othon, et réussissait chaque jour à attraper quelques Allemands. Ils le craignaient tellement, que rien n’était présent à leur pensée que Boleslas, que rien ne se trouvait au bout de leur langue que Boleslas. En passant à côté de chaque forêt, à côté presque de chaque buisson, ils se disaient les uns aux autres que sans doute Boleslas était là. »

Gallus ajoute ici des plaisanteries que nous sommes forcés d’omettre, puis il poursuit :

« L’empereur et son armée, harassés de fatigues, ne voyant pas le moyen de sortir de cette guerre, se trouvant au milieu de forêts, de marais et de fondrières, au milieu de mouches qui piquaient, au milieu de flèches aussi nombreuses que les mouches et de gaillards aussi ennuyeux que les mouches et les flèchos, finit par conclure un traité. »