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de Kiiew, de même que la Pologne, par vénération pour le tombeau de saint Adalbert, attribuait à Gniésen la suprématie sur toutes les villes polonaises.

Les chroniqueurs polonais qui, comme Gallus, vivaient à la cour de leur souverain, partageaient avec eux les dangers de la guerre ; ils devaient, par leur style et leur langage, différer de Nestor. Celui-ci n’avait pas d’autre source, d’autre modèle que les historiens de Byzance ; or la littérature grecque, à l’époque du schisme, était déjà négligée, même dans la capitale de l’empire d’Orient, malgré la science de Photius, l’homme le plus érudit de son siècle.

Les écrivains de l’époque des Comnènes ont seuls jeté sur la Russie un reflet de leurs faibles lueurs ; mais les auteurs classiques de la Grèce n’ont exercé aucune influence sur les chroniqueurs russes, tandis que, dans l’église d’Occident, le latin était toujours une langue vivante et cultivée. Les auteurs polonais et bohèmes connaissaient Cicéron, Virgile, Juvénal, Tacite ; ils profitaient, autant que possible, de ces modèles et s’enthousiasmaient pour la poésie, pour l’histoire, pour l’art oratoire des anciens ; ils mêlaient ces genres divers. Pouvaient-ils faire autrement ? Dans ce siècle de grands mouvements, de grandes entreprises politiques, pouvaient-ils imiter le style des froids chronographes de Byzance ou le style châtié des écrivains romains de l’empire ? Les critiques ont tort de leur reprocher ce mélange de tous les styles, qui représente merveilleusement une société commençant à se former de tant d’éléments divers.

Gallus, comme nous l’avons dit, ouvre presque