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Cependant les rois de Pologne n’ont pas assez compris ces enseignements des apôtres. Les apôtres se dirigeaient sans cesse vers les pays barbares, vers la Prusse, la Lithuanie, la Poméranie ; les rois, au contraire, faisaient dans le même temps des expéditions en Ruthénie et en Bohème, pays déjà convertis, ou bien ils se mêlaient aux affaires de l’Allemagne. Les conquêtes de Boleslas le Grand, quelque brillantes qu’elles fussent, restèrent stériles pour la Pologne. Il possédait la Bohême presque entière, une grande partie de la Hongrie et tous les pays slaves entre l’Oder et le Borysthène ; mais, après sa mort, la Pologne perdit toutes ses conquêtes, tandis que les pays nouvellement convertis de la Prusse et de la Lithuanie devaient plus tard faire corps avec elle.

Après ce que nous avons dit de la position du clergé dans les deux empires slaves et des obstacles différents qu’y rencontraient les progrès du christianisme, on peut facilement se rendre compte des caractères opposés des chroniqueurs russes et des chroniqueurs polonais.

Nous avons déjà parlé de Nestor, de ce moine retiré dans sa cellule, qui raconte les événements sans avoir aucune idée générale, aucune tendance politique, aucun plan, aucun but arrêté. Il a intitulé son livre : Les Récits des temps anciens. Il cherche seulement à conserver des traditions qui allaient s’éteindre. Dans sa forme même, il n’y a rien d’achevé, rien de précis, rien de fini : ce sont des versets, pour ainsi dire, des phrases qui se suivent sans aucune liaison. Quand il parle des couvents, des moines, des églises, il est très