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compte de leur position sociale. Il s’opposait au trafic des esclaves (les Juifs de Pologne et de Bohême achetaient et vendaient des hommes). Enfin il s’efforçait de détruire la polygamie. Tous cela révoltait les habitants de Prague ; ils chassèrent leur évêque. Rappelé bientôt, il fut de nouveau persécuté et faillit périr dans une émeute. Sa maison fut brûlée, on massacra quelques uns de ses frères. Lorsque cette sédition fut apaisée on s’efforça, par des promesses, de le faire revenir à son évêché, mais il demeura inébranlable dans la résolution d’abandonner son diocèse. Il se sentait appelé à une mission plus élevée : l’apostolat. C’est dans ce but qu’il vint à Gniezen, à la cour du roi Boleslas le Grand, et qu’il lui déclara son désir de se livrer à la conversion des peuplades lithuano-prussiennes, voisines dangereuses de la Pologne. Reçu avec de grands honneurs par le roi, il consacra quelques années à étudier les langues des nations qu’il voulait évangéliser, puis il prit la voie de la Vistule jusqu’à Dantzick et de là dirigea ses pas vers la Prusse orientale. Les Prussiens, d’abord, ne lui opposèrent aucune résistance ; mais pendant une nuit, comme il s’enhardissait à pénétrer dans la forêt sacrée, et, en célébrant la messe, à prendre possession, au nom du Christ, de ce siégé du paganisme, les prêtres du lieu tombèrent sur lui et le massacrèrent. Boleslas racheta le corps du martyr et le déposa dans la ville de Gniezen. Le bruit de la mort de l’évêque, la renommée des miracles qui s’opéraient sur son tombeau, se propageant dans toute la chrétienté, attirèrent beaucoup de pèlerins dans la capitale de la Pologne. L’empereur