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tionnels. On a voulu prouver qu’il n’y avait aucun rapport entre les Sarmates et les Slaves, et que les Lechs étaient Slaves ; on a tourné en ridicule la dynastie des Piasts, et cependant cette histoire, prétendue fabuleuse, a longtemps été le catéchisme national. Elle seule est vraie peut-être, car elle a eu une grande influence sur les idées polonaises ; car, dans les diètes publiques on en appelait à la foi générale, à ce catéchisme dont on citait souvent des articles ; car les monarques polonais ont souvent cherché, depuis, les frontières mythiques de l’empire des Lechs ; car, elle seule, enfin, n’a pu être oubliée du peuple. C’est en vain que les historiens s’efforcent de démontrer que l’élection des rois de Pologne ne date que, du xve siècle ; nous en trouvons des traces dans la tradition. En vain, aussi, a-t-on tenté de rabaisser la mémoire des souverains vénérés de la nation et de tout temps regardés comme les types antiques du caractère slave ; le peuple s’obstine à repousser l’histoire qu’on veut lui imposer ; il n’a donné le nom de Grand qu’à un seul de ses rois, et celui-là n’a jamais été conquérant ; il n’avait aucune des qualités brillantes qui font le grand guerrier ; mais il était bon, généreux, libéral ; il était le père du paysan ; il représentait lemieux le caractère national.

L’histoire des Normands de Russie est tout-à-Fait autre. Les Normands étaient moins nombreux que les Lechs ; ils appelaient souvent les guerriers de la Norvége et de la Suède, pour les aider à renverser les’prétentions de leurs compétiteurs, ou pour sou-