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soumettre Constantinople. En moins d’un siècle les princes de la famille de Ruryk régnèrent sur l’immense pays qui s’étend de Kiew à Novgorod et des bords de la Baltique aux embouchures du Danube. Leur histoire, du reste, rappelle en tout l’histoire des princes normands d’Angleterre. C’est le même sang et le même caractère ; c’est la même violence, la même ambition, la même astuce ; les guerres civiles succèdent aux meurtres et aux trahisons, et le plus heureux est accepté par le peuple comme le véritable représentant d’une race qui semblait condamnée par Dieu a se haïr et à se dévorer. Grâce aux rapports qui existaient entre les Russes et les Grecs, les écrivains de Byzance ont sauvé de l’oubli les noms et l’histoire des souverains de la Russie. Les chefs lechs et czechs, n’ayant pas laissé de monuments écrits, leur souvenir s’est perdu dans le passé ou ils ne nous semblent plus jouer qu’un rôle fabuleux. Ce qu’on sait avec certitude, c’est que les Lecho-Czechs se sont facilement acclimatés parmi les Slaves, qu’ils ont été vite absorbés par la race indigène, et que leurs familles régnantes ont bientôt cédé la place à des familles nationales. C’est en Bohême et en Pologne que les premiers rois d’origine slave ont été élevés au trône. Quant aux. Normands, dès la troisième génération, ils avaient, eux aussi, oublié leur langue, et ils s’appelaient Russes, mais la dynastie de leurs chefs a continué longtemps encore de régner sur la Russie.

Ainsi, dans les divers pays slaves s’élèvent des royaumes, des empires, ayant des tendances opposées. Le fonds est toujours l’ancienne Slavie, mais la