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SUITE. – Mme DE CONDORCET (94)


« L’amour est fort comme la mort. » — Et ce sont ces temps de mort qui sont ses triomphes peut-être ; car la mort verse à l’amour je ne sais quoi d’âcre et de brûlant, d’amères et divines saveurs qui ne sont point d’ici-bas.

En lisant l’audacieux voyage de Louvet à travers toute la France pour retrouver ce qu’il aimait, en assistant à ces moments où, réunis par le sort dans la cachette de Paris ou la caverne du Jura, ils tombent dans les bras l’un de l’autre, défaillants, anéantis, qui n’a dit cent fois « Ô mort, si tu as cette puissance de centupler, transfigurer à ce point les joies de la vie, tu tiens vraiment les des du ciel ! »

L’amour a sauvé Louvet. Il avait perdu Desmoulins en le confirmant dans son héroïsme. Il n’a pas été étranger à la mort de Condorcet.

Le 6 avril 1794, Louvet entrait dans Paris pour revoir sa Lodoïska, Condorcet en sortait pour diminuer les dangers de sa Sophie.