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MAMELI

Faible, pâle et boitant, il s’échappe de l’hôpital, il s’en va au combat.

Ses camarades ne le souffrirent pas ; ils le renvoyèrent se reposer.

Mais quel repos ! dans un tel état d’esprit !

Sa blessure allait de mal en pis. Des signes de gangrène, qui avaient paru un moment, puis disparu, revinrent, et ils ne firent plus qu’augmenter.

Fixé au lit, captif, le jeune homme, par un noble effort, faisait appel du moins à la liberté intérieure. Il évoquait à son lit de malade sa douce maîtresse et sa nourrice, la poésie, lui demandait secours.

Traduirai-je ces chants d’une âme défaillante ? Oui, je les traduirai. Leur pâleur même est un trait de vérité ; elle commande un tendre respect pour le jeune martyr.

Asseyons-nous au lit de cet enfant ; si le présent, si la vie lui manquent, il a en récompense un rayon de l’avenir.

« Il sourit, le jeune homme, il sourit tristement ; son regard perce l’azur du ciel de la patrie… À ses yeux pleins d’amour rayonne l’aube ravissante de Dieu !

« Ah ! que le cœur lui bat ! tous ses traits s’illuminent de son noble désir ! — Le passé a tari, lui dit la voix divine. Voici le nouvel âge ! — Je le bénis ! qu’il soit fécond !… »

« L’âme du poète erre déjà aux sentiers du génie à venir ; ravie hors d’elle-même devant la terre promise et la rédemption de l’humanité !

« Il se prosterne, et se jette aux autels. Hélas ! son âme soucieuse, tout en voyant à l’horizon les loin-