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LES SOLDATS DE LA RÉVOLUTION

péri, si Waren, de ses chaloupes canonnières, n’eût fait un feu très vif, qui enfilait toute la plage et qui arrêta les vainqueurs.

Les dépêches de Hoche montrent bien que l’histoire ne s’est pas trompée et que c’était un vrai héros. Un grand peuple de femmes, de vieillards et d’enfants restaient encore dans la presqu’île. Hoche seul en a pitié. Il écrit aux représentants, et, par voie indirecte, il expose au Comité de salut public ce qui peut excuser ces malheureux, « entraînés par la terreur ou le prestige. Il serait cruel, impolitique de les détruire. Qu’ils désarment, aillent moissonner. »

Des témoins qui ont vu et conté la catastrophe de Quiberon, le seul qui ait tout vu, du commencement à la fin, fut le jeune grenadier de Hoche, Moreau de Jonnès, esprit fort modéré, nullement hostile aux vaincus. Puisaye et Vauban, tous deux couchés chez eux, et loin du fort, furent éveillés par le canon.

C’étaient toujours les nobles étourdis de Rosbach, se piquant de n’avoir pas peur, de ne prendre nulle précaution. Ils s’étaient dispersés le long de la presqu’île, aux lieux les plus commodes comme abris. Leur autre étourderie fut la confiance qu’ils eurent en arrivant au canon anglais sous lequel ils étaient.

On connaît l’effroyable dureté de ces pontons anglais, où les prisonniers manquaient de tout, même d’air. Eh bien ! les ministres anglais, faits aux violences de la presse, et d’Hervilly, dur et brutal, avaient imaginé de recruter là-dedans et d’affubler ces misérables d’habits rouges pour les mener, contre la France. Le plus simple bon sens disait qu’il ne fallait pas mettre ces gens, enragés d’être avec les