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LES SOLDATS DE LA RÉVOLUTION

patriote. Il y avait Rouget de Lisle, l’auteur de la Marseillaise, que Tallien avait délivré des prisons de la Terreur. Il y avait ce jeune Moreau de Jonnès, si aimable, toujours souriant, qui nous a donné son excellent récit. Une alacrité héroïque, semblable à celle de Hoche, était en tout le monde, malgré la pénurie des vivres. Le soldat affamé ne trouvait rien ; le chouan trouvait tout. La chaleur était excessive. Ils n’avaient presque que du vinaigre et de l’eau-de-vie.

Contre cet héroïsme, Puisaye croyait à l’héroïsme. Tirer Georges Cadoudal, ce Georges taillé sur le patron des juges d’Israël, d’Aod « qui frappait des deux mains », ou du vaillant et sanguinaire Jéhu ; le tirer de la presqu’île, le relancer au Morbihan, le jeter sur le dos de Hoche comme un tigre ou un jaguar, c’était une idée simple. Dans la réalité, le général républicain, avec ses treize mille hommes, n’avait dans la contrée que le petit espace qui couvrait son camp. Il tenait au bord du pays comme un corps étranger, sans racines. Malgré sa superbe attitude, il avait fort à craindre si, attaqué de front par les troupes régulières de d’Hervilly, le surveillant de Puisaye, il était pris derrière par les chouans. Il suffisait que, même sans agir, ils courussent le pays pour que Hoche manquât de vivres.

Le 16, ils devaient tomber d’ensemble sur les républicains, qui se trouveraient ainsi entre deux feux.

« Attendez le comte d’Artois. Voilà qu’il est en mer. » Et, sur cet avis, le 14, on apprend qu’un secours, en effet, arrive d’Angleterre. Mais ce n’était