Pourquoi ces généraux de la jeune République
recherchaient-ils si peu l’autorité ? C’est qu’ils
l’avaient en eux. Ils commandaient par un don de
nature, et comme ayant pouvoir du ciel. L’amour,
l’admiration, entraînaient les masses après eux le
respect de leurs vertus, de leur grand cœur, leur
figure héroïque. Tout homme était saisi, ravi à la vue
du général Hoche les plus braves se troublaient au
regard de Kléber.
Mais cette puissance même leur créait un péril. Quelle n’était pas la sombre défiance des représentants du peuple, des hommes de la loi, quand, venant aux armées, ils les voyaient adorant ces héros et ne voulant plus voir la patrie qu’en eux seuls et eux, commandant par l’amour, ayant comme supprimé l’autorité par une si grande autorité morale, maîtres sans l’avoir cherché, et rois involontaires ! On ne comprend que trop les craintes des jaloux amants de la liberté.