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LES GÉNÉRAUX DE LA RÉPUBLIQUE




I


J’ai dit ailleurs la situation pénible, douloureuse, sublime, où la France se trouva en 92. Une richesse immense de forces morales, une pauvreté effrayante de moyens matériels. Plus d’un an avant la guerre, six cent mille volontaires s’étaient inscrits pour partir, des millions d’hommes demandaient des armes. Ni armes, ni argent, ni pain, ni souliers. Aux premiers mois de 93, il y avait au Trésor trente millions, et en papier !

Il fallait les héros du devoir pour triompher des difficultés qu’eut à subir la France alors. L’élan immense de ce moment sublime fait trop souvent perdre de vue les obstacles réels que rencontrèrent les chefs du peuple armé. Obstacles surhumains ! il ne s’agissait de rien moins que de discipliner l’océan même en pleine tempête, d’organiser la foudre, de rendre harmonique et docile la lave échappée de l’Etna !