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LES SOLDATS DE LA RÉVOLUTION

Certes, un tel volontaire ne faisait qu’honneur à la France. Il reçoit du ministre la plus sèche désapprobation de sa démarche, un ordre de rappel. On n’eut aucun égard aux dépenses qu’il avait faites, dépenses tien fortes pour lui. On lui ôta la joie de voir prendre la place.

Même dureté à l’époque du siège de Gibraltar. On lui défendit de s’y rendre. Son chagrin fut extrême. Condamné à l’éternel ennui des garnisons, tantôt dans les places du Rhin, tantôt aux Pyrénées, il apprenait les langues, le basque, l’allemand ; il les comparait au breton. De la Bretagne, centre et point de départ de ses premières études, il rayonnait au monde, puis ramenait le monde à la France. Il se dédommageait de son inaction par ses voyages scientifiques dans les langues étrangères, insatiable de conquêtes nouvelles. Dans ses Origines gauloises, qu’il préparait dès lors, il a donné la comparaison de quarante langues. Malheureusement pour la science, trop passionné dans ses recherches, il avait beau embrasser tous les peuples, il ne voyait que la patrie.

Ce qui lui fait plus d’honneur que ses livres, ce sont ses actes, c’est le grand caractère d’humanité qu’il montrait dès lors. Capitaine en second (après dix-sept ans de lieutenance !) il comprit ses nouvelles fonctions comme une véritable paternité. Surveillant des travaux près de Saint-Jean-de-Luz, il prenait des soldats un soin extraordinaire. Ils n’avaient qu’une eau de citerne, crue et malsaine. La Tour d’Auvergne leur arrangea une fontaine d’eau douce.

« Il voulait deux bassins (c’est l’ingénieur des tra-