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LES FEMMES DE LA RÉVOLUTION

alors à dire l’horrible situation de Paris, les convois interceptés par les autres villes ou par les aristocrates. « Ils veulent, dit-il, nous faire mourir. Un meunier a reçu deux cents livres pour ne pas moudre, avec promesse d’en donner autant par semaine. » — L’Assemblée : « Nommez ! nommez ! » C’était dans l’Assemblée même que Grégoire avait parlé de ce bruit qui courait ; Maillard l’avait appris en route.

« Nommez ! » Des femmes crièrent au hasard : « C’est l’archevêque de Paris. »

Robespierre prit une grave initiative. Seul, il appuya Maillard, dit que l’abbé Grégoire avait parlé du fait, et sans doute donnerait des renseignements.

D’autres membres de l’Assemblée essayèrent des caresses ou des menaces. Un député du clergé, abbé ou prélat, vint donner sa main à baiser à l’une des femmes. Elle se mit en colère, et dit : « Je ne suis pas faite pour baiser la patte d’un chien. » Un autre député, militaire, décoré de la croix de Saint-Louis, entendant dire à Maillard que le grand obstacle à la constitution était le clergé, s’emporta, et lui dit qu’il devrait subir sur l’heure une punition exemplaire. Maillard, sans s’épouvanter, répondit qu’il n’inculpait aucun membre de l’Assemblée, que sans doute le clergé ne savait rien de tout cela, qu’il croyait rendre un service en leur donnant cet avis. Pour la seconde fois, Robespierre soutint Maillard, calma les femmes. Celles du dehors s’impatientaient, craignaient pour leur orateur ; le bruit courait parmi