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NOS ARMÉES RÉPUBLICAINES

cèrent ces corps immortels le premier bataillon de Maine-et-Loire, la 328 brigade, sortie de l’Hérault, et tant d’autres légions célèbres.

Il y avait à Valence un jeune homme admirable d’aspect, de taille et de courage, d’un cœur héroïque. Plusieurs, lui reprochant une faute qui n’était pas la sienne, avaient baptisé ce fils du hasard et de l’amour du nom qui lui resta, Champi, Championnet. Ce fut lui qui, de ses mains, près de Valence, bâtit l’autel de la Patrie ; où l’une des premières fédérations (la première peut-être de toutes) se fit en février 90. Cette fédération, permanente, et formée en bataillon par les soins de Championnet, reste illustre dans l’histoire (Premier bataillon de la Drôme). Avec elle, marcha, combattit, au Rhin, à Rome, et à Naples, son chef intrépide, fondateur des républiques d’Italie.

Ah touchantes origines armées admirables formées par la fraternité elle-même Guerres sublimes, sorties de l’amour !… Car, qu’est-ce que demandait la France ? Délivrée, elle voulait délivrer les nations. Elle ne voulait rien pour elle, mais sauver le monde. Elle mérita, dans ces jours, le nom que le grand rêveur anglais avait trouvé, malgré lui, dans un moment prophétique : « La France, le soldat de Dieu ! »

Un orateur de ces temps, une victime illustre de nos orages civils, a dit cette noble et mélancolique parole « Le monde pleurera un jour d’avoir fait la guerre au peuple qui voulait, le bonheur du genre humain. »

Nos armées ne furent point des armées dans ces commencements, mais des fraternités, des amitiés