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LES SOLDATS DE LA RÉVOLUTION

ses douleurs. Je les voudrais mêlés, saints martyrs généraux illustres ; grands inventeurs, artistes, ouvriers héroïques, hommes de la paix, de la guerre, dans une belle confusion ; Hoche fraternisant avec Lavoisier, Desaix avec Géricault, La Tour d’Auvergne avec Jacquart. Tous se donnant la main, instruisant d’exemple les hommes à la fraternité, ils formeraient comme une couronne à la base du monument.

Enfin, au niveau des regards, plus bas encore, et par toute la place sacrée, sous les pieds même de la foule (comme autrefois dans les églises) s’étendraient des plaques de bronze, chargées d’inscriptions simples et fortes, de vives et vraies voix de la France ; sur ces tables, par mille et par mille, les noms vénérés de ceux qui travaillèrent, souffrirent, moururent pour le pays. Là, on apporterait l’enfant à sa naissance on y ferait les mariages devant le grand autel du peuple ; nos morts aimés en seraient les témoins ils sanctifieraient de leur sainteté les actes solennels de notre vie, les béniraient de leurs vœux sympathiques et communiqueraient à l’existence éphémère quelque chose de leur immortalité et de l’éternité de la Patrie.

En attendant le monument, ce livre est une première pierre que j’y voudrais apporter.